L’Esprit Saint n’est pas un accessoire spirituel
Le 1er juin 1980, lors de son voyage apostolique en France, le pape Jean-Paul II concluait son homélie par cette question interpellante : « France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? », autrement dit, « Qu’as-tu fait de ton baptême ? ».
À travers la France, c’est en réalité à toutes les Églises que le pape s’adressait. Jamais révolue ni définitivement résolue, cette question demeure en effet au cœur de la vie de chaque Église, dont elle oriente l’action et la mission. Elle concerne primordialement chaque chrétien.ne, dont la mission est d’être, grâce à l’Esprit Saint reçu au baptême, témoin en paroles et en actes de l’Amour de Dieu.
Au moment où nous nous apprêtons à célébrer la Pentecôte, fête de l’effusion de l’Esprit Saint 50 jours après Pâques, cette interpellation prend par conséquent un relief particulier, et se décline sous la forme de questions fondamentales pour chaque baptisé : « Qu’as-tu fait (des dons) de l’Esprit Saint reçu(s) au baptême? Qu’as-tu fait du feu de l’Esprit allumé en toi pour être « sel de la terre et lumière du monde ? » (Mt 5 :13). Quelle place accordes-tu à l’Esprit Saint dans ta vie ? Est-ce un accessoire spirituel dont tu te sers ou que tu invoques occasionnellement, ou plutôt le véritable moteur spirituel de ta vie?
Si l’on accepte que la carte d’identité du chrétien c’est l’amour du prochain tel que nous l’a montré Jésus (Jn 3-16 ;13:35), et que c’est par l’Esprit Saint que cet amour est répandu dans nos cœurs (Rm 5:5), alors on comprend d’emblée la centralité de l’Esprit Saint dans nos vies. Plus profondément, c’est par l’action de l’Esprit Saint que le Christ vient au monde, qu’Il vit en nous et nous accompagne chaque jour (Gal 2 :20 ; Mth28 :20). C’est grâce à Lui que l’Église naît au matin de la Pentecôte, qu’elle reste fidèle à sa vocation originelle, se perpétue et renaît quotidiennement à travers chaque baptisé. C’est encore Lui (le Saint-Esprit) qui nous conduit à la Vérité dans sa plénitude, laquelle nous rend libre et nous sauve (Jn 16 :13 et 8 : 32).
Troisième personne divine, l’Esprit Saint est donc à la fois la source et le moteur de la vie spirituelle de l’Église autant que du baptisé, auxquels Il assure une connexion quotidienne avec le Père et le Fils, pour autant qu’on l’accueille et l’invoque.
L’Esprit Saint ne nous dira cependant « jamais que tout va bien … » (Pape François, homélie, Pentecôte 2022). Mais il n’est pas non plus « un Esprit de cortège funèbre, qui nous pousse à nous lamenter au quotidien … » (Ibid.). Au contraire, Il alimente en nous la persévérance, la confiance, l’assurance qu’en Jésus, nous sortirons vainqueur des épreuves. Il supplée ainsi nos fragilités, nos limites, notre oubli de Dieu, de ses préceptes et promesses (Jn 14 :26), et nous réconcilie avec Lui (2 Cor 5 :20).
Il neutralise le venin mortel de la désespérance, ravive la foi et l’Espérance, indique les voies appropriées aux carrefours de nos existences et au cœur de nos indécisions. Il nous pardonne et nous donne de pardonner, nous défend, nous console, prie pour nous et en nous (Gal 4 :6 ;Rm 8:26). Enfin, Il nous guérit en profondeur, nous rend fort quand nous sommes faibles (2 cor 12 :10), et nous fait produire ses nombreux fruits dont l’Épître aux Galates ne donne qu’un aperçu non exhaustif : charité, joie, paix, patience, bonté, etc. (Gal 5: 22).
Loin d’en être un accessoire, l’Esprit Saint est donc, redisons-le, à la fois le Point de départ et le Moteur de la vie spirituelle du chrétien et de l’Église, comme nous le rappelle encore le Pape François : « (…) Si nous ne commençons pas par l’Esprit ou avec l’Esprit ou à travers l’Esprit, on ne peut pas se mettre en route. » (Ibid.). C’est la voie assurée vers la sclérose et la mort spirituelles.
Le fait que le péché contre l’Esprit Saint soit le seul qui ne puisse être pardonné (Mth 12 :31), en dit long sur l’importance qu’Il a dans l’économie divine du salut des Hommes. Il importe par conséquent de l’invoquer quotidiennement, de le mettre non pas à la marge, mais au cœur de notre vie spirituelle, afin qu’Il l’imprègne profondément et intégralement. Ainsi pourrons-nous reprendre à notre compte, en paroles et en actes, ces propos du Christ tirés du livre d’Isaïe : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, … Il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs la délivrance, ... » (Isaïe 61 : 1-3 ;Luc 4 : 18-19). Telle est notre mission, à la suite du Christ.
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D’avance merci
Emmanuel Babissagana